L'agonie du pénis (Qu'est-ce qu'un homme, 2)
Rédigé par Karl La Veuve - - Aucun commentaireBon, on va pas tourner autour du pot. Ce truc ressemble furieusement à un cancer.
Cet animal étrange
Ca fait deux siècles qu'il se renouvelle et qu'il est en crise. Si ça fabrique des nouveaux bourgeons tout le temps, et si ça marche pas bien, faut bien reconnaître que le truc est malade.
Je parle de la masculinité.
La crise éternelle
Si j'en crois Francis Dupuis-Déri, ça fait deux siècles que la masculinité se dirait en crise.
Il est optimiste.
Perso, je pense que ça remonte bien plus loin, depuis qu'un australopithèque a tenté d'expliquer à Lucy qu'elle avait de la vaisselle en retard. D'ailleurs elle a dû lui carrer un fémur de mammouth en travers de la gueule, car il a sagement passé le relai à Sapiens. Faut dire, Sapiens, pour foutre la merde, il a un talent qui a écrasé tous ses prédécesseurs.
Revenons au dix-neuvième siècle : les hommes ne savent plus ce qu'ils doivent faire, tellement ils sont déstabilisés par les revendications des méchantes féministes (qui sont toutes hystériques, ça va de soi). Il faut pas grand chose, les mecs ; il serait temps de faire preuve d'adaptabilité.
Perso, quand j'ai mal au crâne, je n'attends pas mon prochain rendez-vous chez le toubib pour prendre ce qu'il faut, et je ne me plains pas de la méchanceté de l'alcool. Tout ça ressemble à une grosse gueule de bois qu'on essaie d'entretenir à coup de whisky (frelaté).
Les métastases
Plus inquiétant, on s'acharne à nous annoncer tous les quinze jours des nouveaux modèles. Les nouveaux pères, les nouveaux hommes, les nouveaux guerriers, etc.
Moi, je suis désolé, mais je suis pas déconnecté. Quand on m'annonce à répétition qu'un truc se renouvelle, j'en déduis :
- Que la précédente version était foireuse. Son remplacement semble problématique, est-ce bien nécessaire ? Un ou deux prototype, ok. Lais quand c'est tout le temps ?
- Qu'il n'y avait rien avant pour faire la même chose. Vraiment ? Bon, buvons frais un grand coup. Des trucs mâles, il y en a depuis des millions d'années. Rien de neuf, ok ?
Dans les deux cas, je dresse l'oreille (la bonne), j'essaie de comprendre, et je guette le bullshit. On nous a fait le coup avec les ordinateurs, internet, le web, la blockchain, la réalité virtuelle, et l'intelligence artificielle. Rappelez vous : à chaque fois on nous fait le coup du truc qui va bouleversifier la planète entière. Invariablement, l'année suivante ou pas loin, on réalise que c'était un gros pétard mouillé.
On m'objectera qu'il faut bien essayer. C'est vrai. Mais j'aimerais qu'on arrête de présenter comme révolutionnaire des trucs qui sont soit recyclés, soit pas encore vérifiés. Ça s'appelle le hype. Et quand c'est servi par des crétins rongés par Dunning et sa copine Krueger, pardonnez moi mais c'est un gros red flag.
C'est pareil avec les nouveaux (pères, hommes, guerriers).
Les nouveaux de façade
En ce moment, c'est Thimothée Chalamet et Pedro Pascal. Ces mecs seraient plus ceci ou cela. Je n'ai rien contre ces messieurs, notez-bien. Je juge pas. Mais j'ai de la mémoire.
Des mecs androgynes qui s'assument, déjà vu (David Bowie, années 1980). Désolé Thimie.
Et des mecs qui s'affichent comme virils mais respectueux, déjà vu aussi (encore plus d'exemples).
C'est un peu ennuyeux. D'autant plus quand on oublie un peu vite que c'est facile, et même rentable, d'être affiché comme différent quand on est riche à crever, et sur une vague médiatique modèle tsunami. Pedro, s'il était employé de banque au Baloutchistan oriental, serait probablement plus discret. Chalamet, s'il bossait à l'usine, s'habillerait certainement comme tout le monde.
Il ne faudrait pas l'oublier. La société impose des standards. S'en affranchir ne présente ni la même difficulté, ni les mêmes risques, selon où on se trouve.
Les faux nouveaux
A côté, Francis D-D rappelle aussi plein d'exemples gênants, à un titre ou un autre (lisez l'article, franchement, ou mieux : ses bouquins). Un paquet de mecs ont entonné l'hymne de la défense des femmes avant de réaliser que non, finalement, ce serait plus marrant pour eux de maintenir le statu quo.
Il y en a même qui sont franchement de l'autre côté et desservent la cause non seulement des féministes, mais des hommes eux-mêmes. Franchement, surfez 15 minutes sur le sujet du MKP, si vous sentez une odeur de viande avariée, félicitations, vous avez compris.
Toutes ces nouveautés ne sont que des recyclages éternels, déjà vus, chiants, de la même vieille rengaine.
Pronostic provisoire
Mon jugement personnel : ça fait des siècles que le patriarcat est en train de crever.
Nous sommes à un stade de son agonie où il freine des quatre fers pour se perpétuer, mais tout espoir est perdu. Il peut nous proposer des pseudo-modèles "nouveaux", c'est une arnaque. Il peut nous faire croire que les choses changent, que l'homme est en train de se réformer, mais faire du neuf avec du vieux, c'est du pipeau.
Vous avez déjà vu un cancéreux en phase terminale vous expliquer que la jaunisse, c'est à la mode ? Personnellement, je suis un fervent partisan de l'aide à mourir, en particulier dans le cas des phénomènes nuisibles.
Quoi qu'on fait ?
Ben déjà, on est honnête.
90 %* des mecs s'en battent les couilles en vrai. Et ils vont continuer.
9 %* sont très préoccupés, et veulent à tout crin protéger le statu quo et enrayer la marche du progrès. Vous les aurez reconnus : coucou les mascus. Je dois avouer que les réac ont fait un effort de diversité. On a les men's right activists, les incels, les MGTOW, plus les fachos de service habituels et les machos ordinaires.
Passez ne serait-ce que cinq minutes sur un compte de créatrice de contenu, et vous avez 100 % de chance de voir au moins un commentaire sexiste, à un titre ou un autre. Des fois, c'est même franchement dégueu.
Et puis il y a le 1 %* restant.
C'est ceux-là qui m'intéressent. C'est parmi eux que je me compte.
Ceux qui ont réalisé qu'ils sont peut-être bien favorisés. Voire qu'ils sont du bon côté du couteau. Ceux qui réalisent que — oups — NotAllMen, ça sent le jambon périmé. Ceux qui commencent à réaliser que la place « normale » qui est menacée par les méchantes féministes n'est peut-être pas si normale que ça.
Et c'est bien pour ça que je finis mes articles par des questions. Un vrai mec, un des 99 % de mecs qui profitent et participent du problème, eux ne s'en posent pas. Ils en posent plein aux autres, mais n'interrogent jamais leur propre privilège ou leur position sociale.
Et toi l'ami ? Où te comptes-tu dans ma statistique ?
Pour aller plus loin :
- Entretien avec Francis Dupuis-Déri, « Les hommes proféministes ne sont pas si nombreux que ça », 23/11/2023
* Cette statistique est elle-même totalement personnelle, et 100 % validée par ma grand-mère. Qui est morte. C'est pratique.